Précarité des libraires et des auteurs
Les nouveaux libraires : passionnés mais précaires
Les chiffres présentés lors des RNL montrent que le métier de libraire reste attractif, avec 147 librairies indépendantes ouvertes en 2023 contre 52 fermetures, ce qui représente un solde net de 95 créations. Cependant, cette apparente vitalité cache une réalité économique souvent très difficile.
L’étude réalisée par le cabinet Axiales et présentée par Mathilde Rimaud a révélé que parmi les librairies créées entre 2019 et 2023, une grande majorité est confrontée à des défis financiers majeurs. Par exemple, 80 % des libraires ne se rémunèrent pas du tout ou moins que le SMIC avant deux ans d’existence, et même au-delà de cette période, 60 % des libraires continuent à percevoir des revenus inférieurs au SMIC.
Les défis financiers en détail
Une étude du cabinet Xerfi a détaillé les performances financières des librairies. En 2022, le chiffre d'affaires médian des nouvelles librairies était de 170 000 €, avec seulement 6 librairies dépassant les 600 000 €. La majorité des librairies (63 %) réalisent ou prévoient de réaliser un chiffre d'affaires de 300 000 € ou moins. De plus, les charges fixes telles que les loyers et les frais de transport ont augmenté de manière significative, tandis que les marges commerciales n'ont pas suivi le même rythme.
L'étude a également mis en lumière les différences selon les zones géographiques. Par exemple, dans les petites villes et les zones rurales, les nouvelles librairies répondent souvent à un besoin non satisfait, ce qui peut contribuer à leur succès initial. Cependant, ces librairies restent économiquement fragiles et dépendent fortement de leur capacité à attirer une clientèle locale fidèle.
Les projections pour 2024-2025, présentées par Xerfi, annoncent des temps difficiles pour les librairies indépendantes. Si les tendances actuelles se maintiennent, le taux de résultat net des petites librairies pourrait plonger à -2 % en 2025.
Données spécifiques sur la rémunération des écrivains
Selon l'étude du European Writers' Council (EWC), les écrivains de fiction reçoivent des rémunérations proportionnellement faibles par rapport aux revenus générés par leurs œuvres. Environ 55,5 % des écrivains de fiction ne reçoivent généralement pas de paiements anticipés, et ceux qui en reçoivent doivent souvent attendre plusieurs années après la signature du contrat pour percevoir les droits d’auteur. Les droits d’auteur varient entre 5 % et 8 % du prix de vente net pour les livres imprimés et entre 12,5 % et 25 % pour les versions numériques (ebooks et audiobooks).
Un autre point crucial soulevé par l'étude concerne la transparence et la traçabilité des ventes. Dans 18 des 19 pays sondés, les écrivains reçoivent généralement des rapports sur les chiffres de vente seulement une fois par an, ce qui complique la négociation de rémunérations proportionnelles et justes. Les lacunes dans les données sur les ventes numériques sont également problématiques, 80 % des pays ne fournissant pas les chiffres des prêts numériques aux écrivains.
Il est crucial de renforcer la solidarité au sein de la chaîne du livre
Les libraires, éditeurs, auteurs, agents et pouvoirs publics doivent travailler ensemble pour garantir la pérennité de notre industrie. Des auteurs, des libraires et des centaines d’éditeurs indépendants coulent un peu plus chaque année. On peut penser que c’est la marche de l’histoire, ou l’on peut réinventer, réorganiser, repenser le monde du livre. Il est évident que cela prendra l’équivalent d’une dizaine d’années, mais bon, que sont dix ans à l’échelle des livres ?
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