Vanité de l'accumulation ? Épargne du savoir ?

Vanité de l'accumulation ? Épargne du savoir ?
Je vous en parlais il y a deux semaines : en 2022, le marché du livre s’est moins bien porté qu’en 2021 (- 2 points selon Livres Hebdo, - 5 points selon GFK). Cela étant, si l’on prend une fourchette de 12 ans, c’est-à-dire depuis 2010, le marché du livre se porte très bien, presque « mieux que jamais » si je peux oser l’expression.

La moitié du marché provient de l’addition de la littérature générale (27 %) et du secteur BD / mangas (25 %). Paradoxalement, il est plus dur que jamais pour un primo-romancier de se faire éditer en littérature générale, le secteur étant en partie détenu par les écrivains archi-bankables qui se battent pour les fameux grands prix. Mais enfin, loin de moi l’idée de croire que cette tendance va aller en s’accélérant. La culture peut offrir des revirements de situation et comme je le répète souvent, personne ne peut affirmer qui seront les auteurs du podium dans 10 ans.

 

En revanche, en dépit d’une baisse de 2 points cette année, on assiste aujourd’hui à un phénomène de plus en plus présent au niveau micro : la suraccumulation de livres chez les particuliers. Ce symptôme porte un nom japonais : « Tsundoku ».

 

Pour caricaturer, nous avons aujourd’hui deux cas de figure : les personnes qui ne lisent pas, et qui n’ont pour ainsi dire aucun livre chez elles ; et les personnes qui lisent, et qui ont trop de livres, c’est-à-dire trop de livres non lus dont le nombre ne cesse de croître. Les réseaux sociaux regorgent d’ailleurs de lecteurs affirmant être dépassés par leur P.A.L (pile à lire), heureux presque de continuer à acheter compulsivement des livres sans avoir le temps nécessaire pour les lire tous. Je reconnais en faire partie et je crois que beaucoup d’entre vous aussi. L’entre-deux, à savoir le lecteur qui n’achète que le futur livre qu’il va lire et qui a lu tout ce qui est dans sa bibliothèque, tend à disparaître.

 

Le phénomène n’est pas nouveau mais il est exacerbé par Instagram notamment. Sur ce sujet, deux points de vue s’affrontent.

D’un côté, vous avez les antibibliomanie. En dehors de l’aspect écologique (discutable), les antibibliomanes condamnent la vanité du collectionneur qui fait étalage d’une culture qu’il n’a pas, d’une compulsion de possession vide ou creuse.

De l’autre, vous trouverez les pro-bibliophilie. Ceux-là arguent que le simple fait d’avoir des livres en trop les pousse à lire toujours davantage, à étancher leur curiosité, à faire vivre les auteurs. Évidemment, ce courant-là est très majoritaire aujourd’hui. Pourtant, entrer chez quelqu’un qui est un grand lecteur et qui a des bibliothèques remplies met toujours mal à l’aise les non-lecteurs, qui souvent se sentent crouler sous le poids d’une culture qu’ils n’ont pas (et qu’ils attribuent aux autres à tort ou à raison).

 

Il est toujours intéressant de noter combien le livre est source de fantasme et de complexe !

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