Je rencontre souvent des auteurs qui m’avouent à voix basse, après quelques semaines, qu’ils aimeraient :
- Être invités à La Grande Librairie (ça revient souvent) ;
- Être invités au Petit Q ;
- Écouter leur livre se faire encenser par Le masque et la plume ;
- Gagner un prix littéraire renommé.
Peut-être me direz-vous que vous n’avez aucune ambition ? Je pense que c’est généralement faux. Les auteurs qui disent cela ont l’ambition (secrète) de pouvoir en vivre un jour, ce qui est une ÉNORME ambition qui nécessite moult sacrifices.
L’ambition, je la comprends parfaitement et je la trouve très saine. D’ailleurs, si l’on en croit toutes les théories de visualisation et d’affirmation, les ambitions élevées ont bien plus de chance d’aboutir si on y croit dur comme fer. Ainsi, j’encourage toujours les écrivains à conserver ce rêve, ces étoiles dans les yeux.
Cela étant, durant la phase d’écriture, c’est-à-dire au cœur de la bataille, là où véritablement TOUT se joue, je vous invite à laisser l’ambition de côté (vous la retrouverez, ne vous en faites pas). Concentrez-vous sur le plaisir, cette bulle de minifolie, qui entoure l’acte extrêmement solitaire et jouissif d’écrire. En effet, l’ego et l’ambition, indispensables pour se projeter et gravir les échelons, occupent inutilement de la place durant les périodes de création. À ce stade donc, il ne faut pas penser lecteur / succès / ventes / aspect bankable du texte. Votre accompagnant ou votre agent (donc moi en l’occurrence) sera là pour y penser APRÈS votre énergie créatrice.
Je ne connais pas la voie vers le succès. Personne – à ma connaissance – ne la connaît. En revanche, il est très clair que les plus belles carrières (quelles qu’elles soient) sont un mélange de plaisir, travail et ambition. Ne laissez pas l’ambition étouffer le plaisir (elle étouffe moins le travail), apprenez à la maintenir à sa juste place.
L’année dernière, j’ai été mandatée pour écrire la biographie d’un milliardaire. Une histoire de vie incroyable. En me parlant de sa réussite complètement hors-norme, cet homme m’a dit cette phrase, toute bête : « On ne passe pas du CP à la terminale ».
D’ailleurs, ça n’aurait aucun intérêt. Le chemin est mille fois plus intéressant que le grand saut. Quel enfer que de se retrouver à 6 ans à terminale ! Bien sûr, on peut parfois sauter une classe mais s’il y a un sentier à peu près balisé, ce n’est pas pour rien.
La Grande Librairie, Le masque et la plume, tout ça, ce sont des études supérieures. Mais vous le savez bien, aujourd’hui, avoir un bac +5, ça ne veut plus rien dire alors…
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