LA PRÉPARATION MENTALE DE L'ÉCRIVAIN

Il n’empêche que vous cherchez à percer. On peut se mentir mais pas tant que ça. Si vous travaillez avec moi lors d’un accompagnement, ou si je suis votre agent, c’est que vous avez décidé, quelque part au fond à gauche de votre cerveau, de passer la seconde, de décoller.

Vous et moi, mais surtout vous, sommes partis pour la grande aventure : Raconter des histoires aux autres.

Comme je crois l’avoir dit à tout le monde, je vis une histoire d’amour avec l’endurance en général. Comme vous, j’écris (des biographies), je lis (des manuscrits et des livres), je cours des marathons, je fais des compétitions de natation en eau libre… J’adore le simple fait de partir pour une mission qui va me prendre du temps, de la concentration, de l’entraînement, de la solitude et beaucoup d’échecs pour quelques réussites. Je n’ai rien d’une sprinteuse, je pense long terme, effort, discipline et stratégie. Je change ma nutrition cinq fois par an, tout comme mon hydratation, selon mon projet du moment. Avoir la tête accaparée par un projet qui me donne du fil à retordre me maintient en vie, je n’arrive malheureusement pas à prendre du plaisir dans l’éphémère (c’est parfois dommage, j’en conviens).

Dans le cadre de ces diverses activités, une rencontre en entraînant une autre, j’en suis venue à me former à la préparation mentale de très grands sportifs mais… pour les écrivains J Je sais, c’est un peu fou mais c’est comme ça. J’ai échangé avec Raphaël Homat, un préparateur mental de nombreux athlètes olympiques et nous sommes tombés d’accord : écrire un livre et viser très haut s'apparente à s’entraîner en rêvant des J.O. Compliqué, mais certainement pas impossible.

Sur la base de ce postulat, je suis actuellement l’élève de Raphaël. J’observe cet homme dans son quotidien avec des athlètes. L’échec et la réussite sont toujours présents.

J’en reviens à vous. Vous pouvez travailler des heures, reprendre vos intrigues et vos personnages, supprimer moult adverbes, enlever les verbes faibles. Vous pouvez participer à mille ateliers d’écriture, lire toutes les bibliothèques du monde… Vous n’en serez que mieux formés, c’est INDÉNIABLE. C’est l’équivalent d’une bonne préparation physique : indispensable, le B.A-BA.

Mais je vais vous dire ce que vous savez déjà. La meilleure préparation du monde, aussi rigoureuse soit-elle, ne promet ni le succès ni – encore pire – le plaisir. Et pour avoir vomi des litres sur des épreuves pour lesquelles j’étais pourtant bien préparée, je sais vraiment de quoi je parle.

Ce n’est pas non plus le « mental » qui fait la différence. Le « mental », c’est à titre personnel, une connerie marketing. D’ailleurs, un jour, après un Raid sportif, où je vomissais sur un canoé (eh oui !), un homme m’a dit : « tu échoues car tu n’as pas le mental ». Sur le coup, je l’ai cru. Et ça m’a poursuivie des années.

Il m’a fallu beaucoup de sport, et de préparation « mentale » justement, pour comprendre que c’était faux. Ce qu’il manquait, ce n’était pas la confiance en moi (ce fameux « mental »), c’était simplement la foi en moi. La nuance est très subtile je vous l’accorde et elle ne s’explique pas comme ça, en deux lignes.

J’ai très envie aujourd’hui d’embarquer certains d’entre vous sur ce terrain-là, de la foi en eux. Ce n’est pas un truc de développement personnel, ce ne sont pas dix affirmations que l’on répète à voix haute, c’est bien plus intime et bien plus simple.

Je suis convaincue que cette approche, en plus d’une approche technique de l’écriture évidemment, est l’une des clefs pour prendre encore plus de plaisir dans ce que vous faites. Et si vous prenez toujours plus de plaisir en bossant à fond, vous pouvez obtenir ce que vous avez de mieux à offrir aux autres.

En route pour les J.O. !