Rentrée littéraire

Rentrée littéraire
L’actu du moment, c’est bien évidemment la rentrée littéraire qui se prépare. Avant de parler chiffres et de vous communiquer toutes les données (que vous pouvez trouver sur tous les sites littéraires), il convient de s’arrêter un instant sur la longévité de la rentrée littéraire.

On estime qu’environ 70 000 livres sont édités chaque année (nouveautés et nouvelles éditions, tous genres confondus, hors autoédition). Dit autrement, entre 5 500 et 6 000 ouvrages paraissent grosso modo tous les mois. Selon les années, certaines catégories ont la cote (par exemple, les BD et mangas en ce moment) tandis que d’autres voient leurs ventes statiques ou baisser.

 

Je précise cela car il est important de comprendre que la rentrée littéraire n’est qu’une niche dans le vaste et large monde de l’édition. Une niche, trois fois rien, mais le cœur de l’activité romanesque tout de même. Sortir durant la rentrée littéraire, c’est espérer entrer en lice pour un (grand) prix, ni plus, ni moins.

 

Cette année, pour l’automne, on parle partout de rentrée littéraire « resserrée ».

466 nouveautés vont paraître (vs. 490 l’an passé),

  • Avec 321 romans français (vs. 345 en 2022) ;
  • 74 primo-romanciers (vs. 90 en 2022) ;
  • Et 145 romans étrangers, comme en 2022.

Fondamentalement, peu de changements.

 

Ce rapport à la rentrée littéraire est toujours interpellant, quand on sait qu’il s’agit d’un nombre restreint d’ouvrages pour seulement l’un des 13 segments éditoriaux !

(Pour rappel, les 13 segments sont :

  1. Dictionnaires et encyclopédie ;
  2. Ouvrages de documentation ;
  3. Art et beaux livres ;
  4. Cartes géographiques et atlas ;
  5. Religions et ésotérisme ;
  6. Sciences et techniques, médecine et gestion ;
  7. Livres pratiques ;
  8. Sciences Humaines et Sociales
  9. Documents, actualités, essais,
  10. Scolaires,
  11. Jeunesse ;
  12. Littérature ;
  13. BD, comics, manga.)

 

Si la rentrée est si suivie et médiatique, c’est parce que le segment littérature est encore considéré aujourd’hui comme la crème de l’écriture, le véritable art de raconter des histoires qui, peut-être, transcenderont les siècles. Il s’agit du segment qui est supposé valoriser au mieux la langue, le style, la culture.

 

Mais, comme le démontrent en permanence les sciences du langage, le rapport à la langue, et donc à la narration, évolue. Et si le roman a toujours été le diamant des textes écrits, rien ne dit que cela sera toujours vrai en 2073. La rentrée littéraire et les grands prix seront peut-être au service des mangas ? 

 

Souvent, quand je pose cette question, d’autres professionnels me répondent : « il y aura toujours une place pour le roman ». Oui, sûrement pendant encore longtemps. Mais je n’exclus pas l’hypothèse d’un monde où le segment littérature sera réduit à une peau de chagrin.

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