TRAVAILLER SON STYLE

TRAVAILLER SON STYLE
Pour celles et ceux qui ont suivi ou suivent le programme MARATHON, vous êtes plutôt calés sur cette question. En revanche, pour les autres, c’est peut-être moins le cas. Alors pour terminer ce mois, j’ai décidé d’en discuter avec vous aujourd’hui.

La plupart des auteurs pensent à travailler leur ton, mais pas leur style. Bien souvent, vous avez une intrigue, des personnages, et un ton (une signature, pourrait-on dire) qui vous est propre. Mais le travail du style, c’est-à-dire celui du choix des mots, des agencements, et la beauté phonétique, n’est pas souvent pris au sérieux ou peaufiné.

 

La raison pour laquelle les Classiques sont les Classiques réside essentiellement dans le travail de fourmi autour du style, en plus de la profondeur des situations présentées. On dit souvent que Flaubert incarne la beauté du style par excellence, et c’est loin d’être faux. À titre personnel, j’ajouterais également Céline, mais enfin là n’est pas le sujet. 

 

En tant qu’agent, je reçois de nombreux manuscrits. Je sais que bien des gens fantasment cela, je l’entends quand on me dit « quelle chance tu as de lire toute la journée ! ». Mais la vérité est que je ne lis ni Flaubert ni Céline toute la journée. Je reçois, à mon goût, beaucoup, beaucoup trop de manuscrits où le travail du style n’est pas un tant soit peu considéré.

Des verbes faibles à toutes les phrases, parfois dix adverbes de manière par page, des clichés littéraires en guise de figures de style… J’en passe et des meilleurs !

 

On peut arguer que seules comptent l’intrigue et la pertinence des personnages. C’est un postulat pour certains de mes confrères. D’ailleurs, il faut croire que ce n’est pas complètement faux puisque des manuscrits fondés autour de cela se vendent très bien ! Mais je ne veux pas vous mettre cette idée en tête parce que j’ai envie que vous décolliez, mais aussi que vous progressiez. J’exprime cela sans arrogance ni prétention. Seulement je vois l’exercice d’écrivain comme un exercice exigeant de français, donc de respect de la langue, et de jeu avec celle-ci.

 

Décoller, devenir un « grand » écrivain, c’est soigner son geste, pour reprendre le mail de la semaine dernière. Et c’est à cela que sert ce fameux temps de relecture et réécriture APRÈS le premier jet : à réfléchir à la meilleure façon de donner le meilleur de soi-même.

 

Soyez exigeant avec votre texte, car il n’est pas qu’une histoire. Il est aussi un hommage à la langue, à tous ces écrivains qui nous ont précédés et qui nous disent « Essaye, tu verras, c’est stimulant ».

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