Non, je ne parlerai pas de rentrée littéraire cette semaine, même s’il y a des choses à commenter, vous vous en doutez.
Durant les vacances, j’ai pu constater que les métiers – récents – du livre sont assez peu connus. Alors, j’ai pensé à retracer ici quelques nouveautés.
Il fut un temps où, lorsqu’on parlait des métiers du livre, on pensait essentiellement aux auteurs, éditeurs, libraires, diffuseurs, distributeurs et, pourquoi pas, aux agents littéraires comme moi. Mais à l’ère du digital et de la révolution technologique, le secteur de l'édition évolue et les métiers se diversifient. On ne se contente plus d'écrire, d'éditer et de vendre : il faut aussi séduire, interagir, et se réinventer.
Voici donc des métiers actuels qui correspondent à ces nouvelles exigences :
- Le narrateur pour livres audio : Autrefois cantonné aux livres pour enfants ou aux pièces radiophoniques, ce métier a pris une tout autre ampleur. Avec la croissance des plateformes d'écoute en streaming, le marché du livre audio explose. La voix d’un narrateur peut donner une dimension nouvelle à un récit et transformer notre expérience de lecture (j’en suis une grande fan). À ce jour, la plupart des narrateurs sont des acteurs ou comédiens, mais cela peut changer en véritables professionnels formés pour cela ;
- Le booktuber / bookstagrammer / booktiktoker : Qui aurait pensé qu'un jour, parler de livres sur YouTube ou Instagram serait une profession à part entière ? Ces passionnés partagent leurs coups de cœur, leurs critiques, et jouent un rôle prépondérant dans les tendances littéraires actuelles. Ils sont devenus des acteurs essentiels dans la promotion d'une œuvre. Cela étant, la plupart n’en vivent pas, donc je ne sais pas vraiment s’il s’agit d’un métier ;
- Le data analyst éditorial : Au carrefour de la technologie et de l’édition, ces professionnels étudient les tendances de consommation des lecteurs, les habitudes d'achat, analysent les retours pour prévoir les futurs best-sellers. Les données sont leur pain quotidien et elles jouent un rôle fondamental dans la stratégie des maisons d'édition. À noter toutefois, l’édition est mauvaise élève en termes de data. Elle n’arrive déjà pas à connaître ses ventes au jour le jour alors…
- L'éditeur transmédia : L'histoire ne se limite plus à un seul format. Les livres peuvent se décliner en jeux vidéo, en films, en séries, en réalité augmentée… L’éditeur transmédia travaille à la création d’un univers autour de l’histoire et cherche à exploiter le potentiel de celle-ci sur diverses plateformes ;
- Les community managers spécialisés en littérature : Ils animent les réseaux sociaux des maisons d’édition, créent du contenu, organisent des jeux-concours, dialoguent avec les lecteurs. Ils sont le lien entre les éditeurs, les auteurs et les fans.
Cette liste est loin d'être exhaustive, et la plupart ne vous étonnent probablement pas plus que cela. Toutefois, ces métiers ne sont pas beaucoup explorés dans les Masters 1 & 2 « Métiers du livre » alors qu’ils contribuent chaque jour davantage au chiffre d’affaires des maisons d’édition.
Cela étant, en parler ici est presque obsolète. Les technologies évoluent si vite, les usages aussi… Ainsi, il est plus intéressant (en tout cas, selon moi), de se questionner sur les futurs métiers de l’édition, ceux qui seront sous les feux de la rampe dans 15 ans. De tenter un peu de prospective, en somme.
Voici un florilège des métiers envisageables, croisement de conversations avec des professionnels, un prospectiviste et chatGPT.
- Architecte de réalités virtuelles littéraires : Avec la démocratisation de la VR (réalité virtuelle), les histoires ne se contenteront pas de se lire mais pourront se vivre. Ce professionnel concevra des univers littéraires immersifs où le lecteur pourra interagir avec l'histoire.
- Ingénieur en bio-littérature : Imaginez que votre livre puisse réagir à vos émotions grâce à des interfaces neuronales directes. Ce spécialiste serait à l'intersection de la biotechnologie et de la littérature, offrant des expériences de lecture personnalisées fondées sur les réactions biochimiques du lecteur (non, ne flippez pas).
- Conservateur de patrimoine digital littéraire : Avec le passage à l'ère numérique, la préservation des œuvres littéraires pourrait nécessiter des experts capables de conserver, restaurer et maintenir les archives digitales.
- Consultant en éthique de l'IA littéraire : Alors que les IA pourraient coécrire ou même écrire des histoires de manière autonome, des questions éthiques se poseront. Ce professionnel guidera les éditeurs sur ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
- Designer en expérience de lecture : Allant au-delà de la simple mise en page, ce professionnel optimisera l'expérience de lecture en fonction du support (tablettes, liseuses, interfaces neuronales directes, etc.), de l'âge du lecteur, et même de son humeur.
- Agent d'IA littéraire : Comme les IA commenceront peut-être à produire leurs propres œuvres, elles auront besoin d'agents pour les représenter, négocier des droits et les conseiller. Ce métier-là me fait délirer !
Voilà bien des idées nouvelles pour celles et ceux qui veulent se reconvertir dans l’édition.
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