L'HÉRITAGE DU RAID

L'HÉRITAGE DU RAID
Il me tient à cœur de vous témoigner une expérience, qui m’a beaucoup nourrie sportivement, personnellement, et professionnellement – aussi bien dans mon écriture que pour accompagner la vôtre.

Je vais vous la raconter mais je ne vais pas faire allusion aux leçons que j’en ai tirées. En revanche, je vous demande vous, à titre personnel, de réfléchir à ce que cela évoque pour vous, pour votre ou vos manuscrits, et plus largement, pour ce que vous souhaitez accomplir grâce à, et avec, l’écriture.

 

C’est parti pour le récit.

 

Il y a quatre ans, alors que je sortais d’une phase personnelle très tendue, je participe avec mon amie Alexandra (que je connais depuis mes 13 ans) à un raid sportif féminin. Alexandra habite à 1 000 kilomètres de chez moi, et nous allons nous revoir après 18 ans d’amitié à distance ! Autant vous dire que je suis ravie que nous soyons en binôme ensemble. J’y vais pour me changer les idées et, pour le dire franchement, profiter de ce que l’on pourrait appeler la troisième mi-temps. Je suis entraînée, mais pas du tout suffisamment par rapport à la densité des épreuves, étendues sur trois jours. Alexandra, quant à elle, entre dans une période de vie archi compliquée. Elle a des choses à se prouver, une sacrée gniak.

 

Voici notre photo avant le début des épreuves, avec notre marraine Laure Manaudou (j’aime bien dire cela, ça claque un peu !). Plus sérieusement, je vous précise cela car même si l’ambiance est très bon enfant, personne n’est là pour rigoler – dans le fond.



La première journée d’épreuves est une catastrophe pour notre binôme. Alexandra et moi avons mal compris les consignes. Résultat : nous faisons beaucoup plus de kilomètres, et avons déjà à notre compteur plus d’heures d’effort que les autres. Nous sommes dernières et épuisées. Mais nous avons le sourire car même si nous n’avons rien compris de ce qu’il fallait faire, nous avons fourni une sacrée performance. Nous sommes dopées aux endorphines et mettons en place notre stratégie pour le lendemain.

 

En effet, nous sommes dernières, il ne peut rien nous arriver de pire, hormis la blessure bien sûr. Il nous faut alors regagner des places, car même si nous assumons l’échec, nous préférons éviter le bas de la liste. Le problème, c’est que parmi les épreuves du lendemain se trouve notamment un long trail, sur une plage qui n’en finit pas, et même pas sur du sable mouillé. Les participantes des années précédentes ont été formelles : cette épreuve casse les jambes. Par ailleurs, la température extérieure prévue est de 26°, ce qui signifie que le corps s’épuise bien plus vite.

Avec Alex, le soir dans notre baraque de campement, on se met d’accord sur une façon de procéder. Puisque cela va être dur, et qu’il ne faut pas trop réfléchir pour aller au bout avec le sourire, on va agir en lièvres. Sur la première moitié du parcours, je me place devant elle. Je donne l’allure, je choisis le temps d’arrêt aux ravitaillements, et je motive les troupes à intervalles plus ou moins réguliers. Alex ne doit pas réfléchir, pas parler. Elle doit seulement planter ses pieds dans mes traces et tenir le cap, car c’est moi qui la porte. À mi-parcours, nous échangeons. Le but est de permettre de débrancher son cerveau, de ne pas se demander si c’est dur ou long, mais simplement d’être là, point barre.

 

Notre plan fonctionne très vite bien. Nous dépassons de multiples concurrentes. 300 mètres avant l’arrivée, Alex me crie : « Regarde, on voit l’arrivée ! ». Je lève la tête de ses traces, aperçois le dôme de passage de l’arrivée et m’effondre sur le sol alors que ma tête veut vraiment franchir cette démarcation et que je ne me sens pas particulièrement fatiguée. Alex et des concurrentes me relèvent : « ah non, pas la peur de réussir ! Debout ».

Nous franchissons donc la fin de parcours tant bien que mal, je suis supportée par trois nanas qui me soutiennent par les bras.

 

C’est un succès, puisque nous revenons dans la première moitié du classement.

 

Sur cette photo, vous voyez bien l’énergie du lièvre, et la sidération de celle qui n’a rien vu venir (je pleure mais je vais très bien, étrange le sport parfois).



Le dernier jour d’épreuve, je suis d’une humeur joyeuse. J’ai hâte qu’on en finisse, j’ai la pêche, et j’ai envie de faire la fête le soir sur la plage, de décompresser. Alex, elle, ne pense qu’à remonter davantage dans le classement. Notre épopée d’hier l’a galvanisée.

 

Nous prenons le départ de cette épreuve aquatique. Je pars très fort, très vite, envie d’en découdre. L’épreuve m’a l’air facile, l’eau c’est mon truc, alors qu’Alex non, donc j’en fais des caisses. Seulement voilà, vingt minutes après le départ, je commence à me sentir mal, mes forces faiblissent, je sens que mes bras peinent à bouger. Puis je vomis, une fois, deux fois, dix fois… Je passe plus d’une heure à vomir, mais nous ne sommes pas encore disqualifiées, la limite horaire n’est pas atteinte. À un moment, je dois me rendre à l’évidence : je suis vidée, je ne peux plus rien faire. C’est l’abandon. Ma partenaire, elle, est en super forme…

 

Une voiture vient me chercher pour m’amener à la visite de contrôle chez le médecin. Dans la voiture, le coach et Laure Manaudou. Alors que ce Raid n’avait pas d’importance pour moi, le fait d’avoir fait perdre Alex me contrarie. Je pleurniche mais on me reprend aussi sec : « c’est ça une équipe ! », « participer c’est accepter l’abandon, la blessure, l’échec, la contre-performance », « tout le monde passe par là, ça fait partie du chemin », « c’est bien d’arriver la fleur au fusil, mais tu sais que sans entraînement adapté tu te mets en danger », « c’est bien de vouloir gagner mais le vouliez-vous toutes les deux ? » …

 

J’en oublie sûrement mais je sais que c’est ici, sur cet évènement sportif, que j’ai commencé à prendre conscience de la nécessité de ma préparation physique et mentale.

 

Nous avons fini le raid, disqualifiées.

Dernières.

 

Nous reparlons tout le temps de cette expérience, Alex et moi.

J’ai entendu beaucoup d’histoires d’écriture et de publication qui s’en rapprochent.

 

Je vous laisse cheminer et voir s’il y a des choses intéressantes pour vous.

Avec quelques questions pour vous guider :

  • Pourquoi écrivez-vous ?
  • Que cherchez-vous à faire, pour de vrai ?
  • Avez-vous partagé cet objectif à quelqu’un ?
  • Quelle est votre préparation ?
  • Sur quels critères vous fondez-vous pour savoir si votre préparation est adaptée à votre – ou vos – objectifs ?
  • Et bien d’autres que je vous laisse le soin de trouver.

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