ATTENTION AU LIEN DE CAUSALITÉ

Seulement attention, bien souvent la quête du protagoniste est inexistante OU clichée, dans le sens où le lien de causalité est trop gros, trop facile, trop théorique.

Je m’explique.

Souvent, les explications tombent un peu trop sous le sens. Par exemple, le protagoniste a une peur bleue de la sexualité et cherche à vivre loin du sexe fort. On apprend 300 pages plus loin qu’il a été violé. Je ne dis pas que ce genre d’histoires n’existe pas dans la vraie vie, ni qu’il n’y a pas de lien de causalité entre le passé et les comportements du présent. Je dis juste que le lien de causalité est toujours la première – et souvent la seule – carte jouée par les auteurs. Or le lien de causalité n’a rien d’évident dans la vie, et pour certains, il n’est qu’une vision psychanalytique du monde. Les mêmes causes n’entraînent pas les mêmes conséquences chez autrui. Justifier en permanence votre personnage par son passé est facile. Fondamentalement, pour le lecteur, il est plus intéressant de justifier votre protagoniste par ce qu’il cherche à être. C’est d’ailleurs ce procédé qui fait toute l’intelligence de Martin Eden ou de Madame Bovary, pour ne citer qu’eux. Leur passé nous est rapporté, mais il ne justifie rien. Seul compte leur envie de devenir, d’expérimenter.

J’espère être claire ?

Je vais terminer par cette remarque de Jean-Claude Passeron, sociologue, confrère de Bourdieu : nous devons nous méfier de l’excès d’intelligibilité, qui nous pousserait à comprendre trop bien et trop vite le cheminement d’une personne. Le risque serait alors de confondre l’aboutissement d’une vie avec son but.