Une profusion de livres, mais qui les lit vraiment ?

Une profusion de livres, mais qui les lit vraiment ?
Regardez autour de vous, comptez les livres qui encombrent vos étagères. Depuis 1990, le nombre de titres publiés annuellement en France a explosé, passant de 40 000 à plus de 110 000, sans même inclure l'autoédition. Cette prolifération reflète une révolution tant technologique que stratégique dans l'édition, marquant une diversification culturelle sans précédent.

Cependant, cette abondance n'a pas significativement modifié nos habitudes de lecture. Alors que les écrans monopolisent de plus en plus notre attention, nos choix littéraires se portent sur des formats plus digestes : bandes dessinées, manuels pratiques, reléguant les œuvres littéraires classiques au second plan. Cette évolution a des répercussions palpables sur les auteurs dont les ventes, autrefois florissantes, s'effondrent dramatiquement.

 

Chaque année, près de 20 % des livres produits en France sont détruits sans avoir jamais été ouverts. Peut-on justifier une telle surproduction au nom de la diversité et du choix ? Si la liberté d'expression enrichit indéniablement notre société, le gaspillage qu'elle entraîne est indéniable.

 

La solution à ce paradoxe pourrait émerger de politiques publiques audacieuses. Il est crucial de repenser notre modèle de production et de distribution : devrions-nous instaurer des quotas par genre, soutenir financièrement les auteurs émergents, favoriser une production à la demande pour éviter les excès ? Quel rôle les grands éditeurs sont-ils prêts à jouer dans cette transformation ? Peuvent-ils entreprendre un changement radical pour favoriser la durabilité et l'équité dans l'industrie du livre ?

 

Mais au-delà des éditeurs, des distributeurs, des politiques, notre responsabilité en tant que lecteurs est immense. Imaginons un monde où nous emprunterions tous nos livres, augmentant ainsi de manière colossale le nombre de bibliothèques tout en réduisant le nombre de librairies, transformant peut-être les libraires en bibliothécaires. Cela nécessiterait de repenser radicalement les règles de rémunération des auteurs et des éditeurs, fondées sur l'emprunt plutôt que sur la vente. Les diffuseurs et les distributeurs devraient également adapter leurs rôles dans cette nouvelle chaîne du livre. Ce serait un changement majeur, qui diminuerait la surproduction d’une part, et la surconsommation d’autre part. Quand je vois ma bibliothèque avec des centaines d’ouvrages qui dorment, je me questionne. Ces livres vont rester là jusqu’à ma mort, jusqu’à ce qu’un de mes enfants s’en débarrasse, les jugeant trop vieux, occupant trop de place etc. Il est vrai qu’une belle bibliothèque dans une maison ou un appartement, c’est magnifique. Mais n’est-ce pas, dans le fond, un peu ridicule ? Nous arrivons de plus en plus à résister à la fast fashion, à donner nos vêtements, à accepter l’absurdité de la possession pour posséder. Je le répète : 20 % des livres finissent pilonnés, ils n’ont jamais été ouverts… C’est énorme. Si nous ne bougeons pas, rien ne bougera. Si nous empruntons uniquement ce que nous sommes sûrs de lire, et si le livre sert à plusieurs personnes, il n’y aura pas le choix que de baisser la production.

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